Sur l'ensemble du premier plateau, l'histoire a modelé, petit à petit, un
paysage de pierres sèches, sillonné de murgers dissimulant d'étranges
bâtisses. En suivant le "sentier des pierres sèches" au départ du
village de La Marre, on observe un bocage de pierres sèches, construit
avec le temps et qui abrite un riche écosystème; en effet les murs de
pierre ont permis à la végétation de se développer sous forme de haies.
Exemple d'architecture rurale, les cabanes sont là, cachées au travers des
murs, discrètes, étranges et on les imagine imprégnées de grands
secrets.
On les appelle communément "les loges", "les cabordes", les "cabanes
de berger". On les retrouve dans tous les communes alentour, au
détour d'un chemin ou en bordure d'un champ. Elles sont toujours
incluses dans un mur de pierres sèches. Ce type de construction est
assez rare dans la partie septentrionale de la France mais on en trouve
dans le Lot, le Périgord et le Vaucluse. Les paysans retiraient les pierres
de leurs champs et les empilaient pour délimiter leurs parcelles.
L'agriculture a évolué au profit de l'élevage et ce sont les agriculteurs-
éleveurs qui ont alors utilisé les cabanes en gardant leurs troupeaux.
Parfois, lorsque les terres étaient éloignées des villages, les paysans
aménageaient dans ces murgers une "loge" afin de s'abriter et d'y
stocker les outils le temps d'une averse ou d'un repas. 160 cabanes ont
été trouvées sur une vingtaine de communes mais les constructions sont
fragiles : ayant perdu leur fonction, elles ne sont plus entretenues et les
remembrements en ont fait disparaître en même temps que les
murgers qui les abritaient. Ce patrimoine est donc en voie de
disparition.
De quand datent les cabanes? Mystère. Très peu d'écrits nous parlent de
ces cabanes ou de leur date de construction. Les archéologues ont
formulé plusieurs hypothèses : elles pourraient remonter à l'époque
gauloise voire néolithique. Certains jugent que le principe de
construction en pierres sèches remonte au Moyen Age. D'autres qu'elles
dateraient d'une période (XIIème siècle) durant laquelle les cultures
étaient la règle sur le premier plateau. Enfin, la supposition la plus
avancée est celle des grands défrichements précédent le XIXème siècle.
Seule certitude donc : elles ont au moins 150 à 200 ans.
Les cabanes sont des constructions originales de par leur forme, l'emploi
exclusif de pierres plates et fines. Un grand nombre ont une voûte en
encorbellement. La base de la cabane est droite puis la voûte est formée
par dépassement de la pierre supérieure par rapport à la pierre
inférieure. La majorité sont orientées dos au vent dominant. Pour offrir
plus de mystère, le sol, la voûte, l'entrée différent de l'une à l'autre. A
l'intérieur, des bancs de pierre longent les murs. Suivant la taille, elles
peuvent accueillir de 2 à 10 personnes. Les voûtes peuvent être en
coupole, droites, en arc brisé, en battière.
Tout au long du sentier de découverte, on appréciera le paysage de
bocage, assez rare dans la région, ainsi que la flore assez riche qui
l'environne. Sentier très intéressant qui surplombe à plusieurs endroits
la branche nord de la reculée de la Haute Seille et dont la mise en
valeur est bien réalisée.