Magnifique Jura

Les reculées

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Les "reculées jurassiennes" sont situées dans un ensemble plateau-vignoble que l'on peut définir comme suit : 1) -  un plateau aux limites très précises (côte de

l'Euthe à l'est, rebord bressan à l'ouest), de nature calcaire et hydrographie karstique, affecté de failles et décrochements, à la surface plane correspondant à une

surface d'érosion datant de la fin du pontien. 2) - une zone de collines s'interposant entre le plateau et la plaine bressanne, d'altitude moyenne inférieure de 150 à 250

mètres à celle du plateau, parallèles à la bordure du plateau, disséquées par la tectonique et l'érosion.

Spécifiques du paysage jurassien, les reculées sont les points de résurgence des circulations souterraines du plateau lédonien. Ce sont des vallées transversales aux

lignes du relief dont les gorges amont, à l'intérieur du plateau, constituent les reculées proprement dites. Gorges allongées, étroites et profondes, aux versants latéraux

comportant le plus souvent des corniches rocheuses surmontant un talus marneux, elles se terminent en "bout du monde" ou en "cul de sac" par un cirque rocheux

prolongé sur le plateau par des vallées sèches. La compréhension de leur formation a été longtemps difficile. L'évolution probable de la reculée est la suivante : à

l'origine, un cours d'eau superficiel circule sur le plateau dont il franchit le bord par une zone de cascades. Il encaisse sa vallée dans la table calcaire cependant que la

zone de cascades progresse vers l'amont par érosion régressive. L'approfondissement du tronçon aval provoque un enfouissement partiel puis total du cours supérieur

de la rivière. Au terme de l'évolution, le plateau est fossilisé. Seules subsistent les vallées sèches et les dolines. Les eaux ressurgissent au fond de la vallée en gorge, en

aval des anciennes cascades. A leur point de sortie, un cirque s'élabore qui calibre le fond de la vallée et fait disparaître en partie ou en totalité les traces des anciennes

chutes.

Quatre reculées sont identifiées : la Cuisance (Arbois), la Glantine (Poligny), la Seille (Névy), la Valière (Conliège). Les paysages sont

présentés ici.

Ce schéma de formation a été fortement inspiré par le schéma de la haute vallée du Hérisson, schéma qui accorde un rôle primordial à

l'érosion superficielle qui précède toujours

l'enfouissement souterrain. En étiage, le Hérisson

(émissaire du Lac de Bonlieu) ne franchit plus la

première cascade du Saut Girard. Il se perd

totalement et resurgit au pied de l'amphithéâtre du

ce saut. Des pertes partielles se produisent

également en aval près du Saut de la Forge. Les eaux

resurgissent très en aval au niveau du Grand Saut

et de la cascade de l'Eventail. L'enfouissement

karstique tend donc assécher par tronçon le cours

supérieur du Hérisson. Il est permis de supposer

qu'avec le temps les eaux abandonneront la zone des

cascades et réapparaîtront au plus près du niveau de

base. La vallée aval deviendra ainsi une véritable

reculée.

source : l'ouvrage Les reculées du Jura lédonien par J.C. Frachon (135 p., 68 fig., 2004), en téléchargement gratuit au format PDF.