"Jusqu'où ira le Jura?" titrait Sciences et Avenir dans son numéro de septembre. Question à laquelle une équipe internationale vient de répondre et qui
indique clairement que le mouvement du massif jurassien n'est pas terminé. Six années de travail ont été nécessaires à cette équipe (à laquelle participent les
géologues français Andréa Walpersdorf du laboratoire de physique interne et tectonophysique de grenoble et Stéphane Baize de l'Institut de recherche et de sûreté
nucléaire de Fontenay-aux-Roses. L'utilisation d'une trentaine de stations du réseau GPS a permis d'atteindre pour la première fois les précisions millimétriques.
Les résultats sont sans appel : à la surface de la terre, tout déplacement entraîne un plissement et comme le massif glisse vers le nord-ouest (en direction de la
Manche) d'environ 2 millimètres par an, son altitude augmente simultanément de 0,3 millimètre par an. Faibles mouvements donc.
Ces déformations trouvent leur origine dans un des mouvements tectoniques les plus importants de la surface du globe : la convergence de la plaque indienne et de la
plaque africaine en direction de la plaque eurasienne. Il y a 50 millions d'année, la plaque indienne a heurté le Tibet et la poussée titanesque qui en a résulté a formé
l'Himalaya. Ce mouvement se poursuit à raison de 3,5 centimètres par an. A l'ouest, le mouvement est donc de moindre importance et le Jura se trouve en première
ligne. Et les Alpes me direz-vous? Et bien l'étude montre que le massif alpin serait en train de s'enfoncer sous son propre poids, freinant de fait le mouvement du
massif jurassien.
Une des conséquences de ce mouvement est la probabilité de survenance de séismes. Selon les chercheurs, le "Big One" du Jura qui pourrait survenir d'ici 25 à 50
ans serait un séisme de magnitude 5,5 qui dégagerait 30 000 fois moins d'énergie que celui attendu en Californie. Pas de quoi s'affoler donc puisqu'il serait
sensiblement comparable à celui 23 février 2004 dont l'épicentre était
proche de Baume les Dames dans le département du Doubs, événement de
référence pour le Jura. Il est d’importance comparable à certains événements
historiques connus. La magnitude de cet événement, qui reste néanmoins
modérée, ne permettra pas d’observer de rupture en surface.