Magnifique Jura  

 

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Les clochers comtois

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➽ sources : ce remarquable site

(clochers à l'impériale de Haute-

Saône) et celui-ci, non moins

remarquable (clochers de Franche-

Comté). Il convient de citer le site

racines comtoises dans son contenu

patrimoine aux nombreuses sous-

rubriques et richement doté en

photographies. Dans le domaine de

l'édition on notera :

- "Clochers Comtois" D. BONNET et D.

MARAUX. 2001 – Ed. La Taillanderie

- "Clochers de Franche-Comté, la

renaissance des clochers à l’impériale"

S. DEBRAS et S. NEZZAR. 2002 – Ed.

Tigibus  Besançon.

Lorsque le visiteur arrive en Franche-Comté, il sait immédiatement qu'il vient de changer de région. Qu'il vienne de la Lorraine au Nord, de la Bourgogne à l'Ouest, d'Alsace au Nord-Est, du Lyonnais au Sud ou de Suisse à l'Est, c'est le style très différent des clochers comtois qui va frapper notre visiteur. Ces clochers dits "en dôme à impériale" appartiennent à l'histoire de la région et sont devenus avec le temps La signature de la région comtoise, un symbole, une attache, une identité.

La répartition du clocher comtois dans la région n'est pas uniforme. La dernière enquête réalisée en 1980 recense 665 clochers à l'impériale dont 257 dans le Doubs, 277 en Haute-Saône, 124 dans le Jura et 7 dans le Territoire de Belfort. 40% des communes en disposent donc mais toutes les communes ne disposent pas d'édifice religieux et d'autres sont dotées de temples, ce qui porte sa présence réelle à plus de 50%. L'oeil du visiteur s'attarde beaucoup plus facilement sur ce clocher aux formes arrondies, en courbe et contre courbe, doté de 4 faces dont les angles sont marqués par des arêtiers en métal.

Comment reconnaître les différents clochers? Le clocher est l’ouvrage (campanile, clocher-mur, beffroi, tour clocher, clocher porche) destiné à recevoir les cloches. Nettement plus haut que large, il se termine en sa partie supérieure par ce qu’on peut appeler " toiture ", mais qui n’est pas non plus une terminaison. Il est couronné du globe ou piédouche ou lanternon, de la croix et du coq, éléments avant tout symboliques. La plus grande diversité réside dans leur couverture. Autrefois, le fer blanc, production typiquement locale, recouvrait bon nombre de clochers. Mais, il a été peu à peu remplacé par d'autres matériaux notamment les tuiles vernissées polychromes. Dans la pure tradition,les motifs les plus courants sont les "chevrons" (Rougemont, Palais Granvelle àBesançon et les "losanges" (Montfaucon, Auxon-Dessus, …). Il en existe d'autres comme les "fleurettes" (Vercel...), les "bandes horizontales" (Vellevans) ou "mouchetés" (Byans-sur-Doubs…) ou encore en bois (basilique de Gray, …). On découvre aussi des motifs totalement abstraits (Vuillecin, Roulans, ...).

Comment reconnaître les motifs? Beaucoup de clochers ont été restaurés depuis leur construction. L'introduction de matériaux modernes et un certain oubli des règles d'architecture religieuse entraînent quelquefois des dissonances qui rompent l'harmonie originelle. L'origine de ce dôme, appelé par les spécialistes " clocher à l'impériale ", n'est pas très claire. Si sa grande époque est bien le XVIII ème siècle, les couronnements de clochers en dôme remontent pourtant à la Renaissance, période de transformation et renouvellement socio-culturel de l’Europe occidentale où les architectes commencèrent à coiffer les tours de cette manière nouvelle venue d'Italie. Exemple, St-Just à Arbois dont le dôme de 1530,reconstruit en 1715, n'a pas l'appellation "comtois". Le qualificatif " à l'impériale "provient de la forme qui rappellerait celle de la couronne de l'empereur d'Allemagne, surmontée d’une boule ou d’une croix . Elle est synonyme de majesté, de grandeur, de richesse. En fait, cette couronne ressemble plutôt aux bulbes orientaux. Parmi les précurseurs, il convient de citer à Dijon l’église St Michel.

Les clochers et l'Histoire comtoise

L'histoire du clocher comtois est directement liée à l'Histoire de la région du XVème au XVIIème siécle. Par le traité de Senlis le 23 mai 1493, Charles VIII abandonne définitivement la Franche-Comté aux Habsbourg. Cette dépendance, de 1493 à 1635, permit au Comté de Bourgogne de connaître près d’un siècle de paix ce qui n'empêchait pas les " voisins " (Français, Suisses et Allemands) de la traverser en permanence dans tous les sens! Pourtant, la période ne fut pas si exempte que cela de souffrances, massacres, pillages, incendies. Une grande part fut imputable aux guerres des religions. Tout commença en 1512 avec les nouveaux courants de pensée (la Réforme gagna peu à peu de l'influence dans la région, influence qui perdure de nos jours notamment dans le Pays de Montbéliard ou le protestantisme est très présent). La fin du règne de Philippe II, roi d’Espagne, fut un désastre pour la Franche-Comté. Les pillages lors des traversées permanentes des Armées en route pour les Pays-Bas, l’avaient vidée jusqu’à la moelle sans compter la grande peste de 1586 qui emporta le 1/10è des habitants. Et puis en 1595 l'invasion des lorrains ruine la région avec un acharnement tout particulier sur les églises et monastères. Le XVIIème siècle n'est pas meilleur. La France lorgne sur la Comté, multipliant les raids; la guerre de dix ans est terrible puis la conquête par les armes de Louis XIV est effroyable. ➥ petit raccourci du XVIIème. La population est décimée et les destructions sont considérables.

A la suite des guerres du XVIIè, un grand nombre d’églises que la misère des temps n’avait pas permis d’entretenir menaçaient ruine. L’origine des clochers à l’impériale en Franche-Comté est liée non seulement aux destructions, mais aussi à la vétusté des édifices (rien n’était organisé pour cela jusqu’à Colbert), ainsi qu’à l’accroissement de la population qui fit suite aux guerres successives. Dans l'élan de reconquête catholique, les archevêques de Besançon poussèrent avec ardeur les curés à redonner aux bâtiments du culte la " décence " que, disaient-ils, ils avaient perdu. Le XVIIIème siècle sera donc le siècle de la reconstruction.