Magnifique Jura  

 

<< Préc. Suiv. >> Play

La forêt : histoire et végétation

        Forêts Histoire Le Risoux Arboretum La Joux

Hormis la forêt de Chaux, forêt de plaine à feuillus, les forêts montagnardes ou "joux"

sont des forêts "noires", dominées par les résineux. Ceci n'est vrai que depuis 3000 ans

environ où, à la suite d'une baisse des températures, la hêtraie-sapinière a colonisé

progressivement la montagne jurassienne et remplacé la chênaie mixte. L'épicéa

s'implanta plus tard.

Jusqu'au 18ème siècle, l'homme a éliminé les résineux de manière à favoriser les

"arbres à fruit" (fruitiers, chênes, hêtres) susceptibles d'apporter un complément de

nourriture ainsi que les essences utilisées par l'artisanat local. "Estable sans pareil", la

forêt était le troisième grenier de Bourgogne. Le sapin céda progressivement sa place à

l'épicéa car il était beaucoup plus recherché : pour la fabrication de la poix mais aussi ses

nombreuses utilisations en charpente et construction navale. Après l'abandon de la

métallurgie au bois, remplacé par le charbon, les

résineux ont recolonisé la montagne jurassienne,

avec l'aide des forestiers qui les ont acclimatés au

premier plateau. La limite naturelle de l'aire de

répartition du sapin est donc difficilement

déterminable.

Les types forestiers varient selon les étages

montagnards. Lorsque la pente a limité l'inter-

vention humaine, de belles hêtraies occupent

l'espace, nous gratifiant d'automnes magni-

fiques. Dans les zones d'éboulis, les érables et les

tilleuls s'ajoutent au spectacle. C'est seulement

lorsque le terrain devient plus plat que la

hêtraie-sapinière présente une vigueur

phénoménale vers 800-1000 mètres d'altitude.

Plus haut en altitude, les myrtilles agrémenteront

le sous-bois. Localement, quelques feuillus

réapparaissent comme les érables et les ormes;

ces derniers malheureusement atteints par la

graphiose ont pratiquement disparu.

Les arbustes sont bien représentés, notamment

en lisière de forêt : chèvrefeuilles, églantiers,

framboisiers y sont fréquents. Le potentiel

biologique se révèle lors d'une coupe forestière :

une végétation luxuriante se développe

immédiatement : le laurier de St-Antoine, le

séneçon de Fuchs, la valériane officinale, la très

belle "impatiente n'y touchez pas" dominent.

Dans les zones d'alpage, restent quelques épicéas

isolés ou encore sur quelques sommets, quelques

pinèdes claires.

 

Plus surprenants, les mégaphorbiaies "sont des jardins luxuriants et éxubérants qui

mêlent les violets, les blancs, les roses et les bleus, au milieu des verts austères de la

forêt ou des verts plus tendres de la prairie".(*) Les mégaphorbiaies occupent les

cuvettes où les eaux de pluie ou de fonte ont entraîné limons et humus, mais aussi les

pelouses subalpines abandonnées par le pacage et encore les zones marécageuses. Ce

sont des groupements de hautes herbes où les millions de fleurs attirent de multiples

papillons et insectes, offrant un spectacle magnifique au photographe et au promeneur.

Ce milieu très productif est d'une importance capitale pour toute une faune qui

comprend des espèces rares. Son manque de rentabilité économique est son principal

ennemi et tout doit être entrepris pour maintenir cet extraordinaire espace de diversité

biologique.

(*) Max André, "la flore de la montagne jurassienne" - Néo éditions.