Dans la masse rocheuse imposante qui marque le passage de la plaine au premier plateau au fond de la reculée des
Planches / Arbois, la rivière souterraine a creusé un réseau important de galeries dont l'exploration n'est pas
achevée. Une structure de quatre galeries principales, communicantes, a été identifiée. La galerie inférieure, active,
n'est pas accessible : c'est elle qui alimente l'exsurgence de la Cuisance de la masse rocheuse. La deuxième galerie,
objet de la visite, est située à une quizaine de mètres au dessus de la première. Elle sert de soupape de sécurité en
cas de fortes eaux qui, sous la pression (+ 3m3/s), remontent dans cette galerie et s'évacuent par l'entrée naturelle de
la grotte. Active 8 mois par an, le débit peut atteindre 45 m3/s. La troisième galerie, au-dessus, de la deuxième, n'est
plus active. Elle est le témoin de la puissance des eaux qui dans le passé ont creusé des successions de marmites assez
spectaculaires. La quatrième galerie, à l'étage supérieur n'est pas visitée.
La température de l'air est de 12°C, celle de l'eau de 6°C. Quasiment point de
concrétions ici : la puissance des eaux les a brisé. Dans ce milieu apparemment très hostile, la vie est représentée
par des rhinolophes (famille de chauves-souris) dont il reste une cinquantaine d'individus. Les tas imposants de
guano montrent que ces populations ont été beaucoup plus nombreuses dans un passé récent. D'autres habitants
occupent la grotte : de petits crustacés appartenant au genre Nyphargus, dépigmentés et aveugles, qui se nourissent
de déchets organiques. Un insecte est également présent : le collembole; vivant à la surface de l'eau, un organe
spécifique lui permet de sauter pour se déplacer. Enfin des cocons d'araignées sont visibles au plafond de la grande
salle d'entrée. Différents cristaux ou blocs de cristaux ont été retrouvés dont des cristaux de gypse. Ils sont exposés à
l'entrée.
Cas unique dans la région de par son ampleur, ce site doit être découvert et apprécié dans sa rudesse et la beauté de
ses marmites, vestiges des violences du passé.